Aero News (lieu le plus contaminé à l’aéroport) – Foules, attroupements, brassages… On peut avoir tendance à l’oublier, mais les aéroports, comme les gares ou tous les endroits où il y a beaucoup de monde qui se croisent, sont des lieux à fort risque de transmission de maladies infectieuses. Pour bien comprendre les mécanismes de transmission et réduire les risques, des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont élaboré une modélisation dont les résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications le 20 mars 2023. Pour ce faire, ils ont effectué des mesures (à l’aide de la filtration de l’air ou de lampes spécifiques) dans l’aéroport de Heathrow à Londres, l’aéroport européen le plus fréquenté où se propagent très facilement des infections comme la grippe A (H1N1) et la Covid-19. La modélisation a analysé le déplacement de plus de 200 000 individus au sein de cet aéroport, provenant de la géolocalisation de téléphones portables (GPS) entre février et août 2017, et a pu reconstruire les réseaux de contacts entre ces différentes personnes. Cela leur a permis d’identifier les zones où les contacts étaient les plus intenses et où le risque de transmission était le plus important.
Bar et restaurant propices à la diffusion des maladies
Les zones communes telles que les bars ou les restaurants sont celles où se produisent le plus grand nombre d’infections, car elles mettent en contact des voyageurs et des travailleurs de l’aéroport se trouvant au même endroit pendant de longues périodes. « Ces lieux ne sont pas toujours les plus fréquentés au sein de l’aéroport, mais ils impliquent des contacts plus soutenus sur des durées plus longues entre les individus, permettant de transmettre les maladies », argue Mattia Mazzoli, chercheur à l’Inserm et premier auteur de l’étude. Ces lieux sont en effet conçus pour optimiser l’efficacité logistique, pas pour réduire l’affluence. Ils se caractérisent par un flux constant d’entrées et de sorties, avec un risque élevé de diffusion des maladies à l’échelle internationale. » De plus, la distanciation sociale n’y est pas toujours possible.
4 mesures pour réduire le risque de contamination dans un aéroport
Selon les auteurs de cette étude, des « stratégies d’immunisation spatiale », autrement dit, des mesures de prévention spécifiques ciblant ces lieux à haut risque et permettant de réduire les contaminations peuvent être mises en place :
- Instaurer un filtrage de l’air
- Mettre en place une désinfection systématique des surfaces
- Utiliser des lampes Far-UVC, des lampes dites « germicides » qui permettent de désinfecter des grandes superficies en présence d’êtres vivants
- Inciter au port du masque anti-virus (usagers comme travailleurs dans l’aéroport)
Les zones plus à risque correspondent à seulement 2% de la surface accessible de l’aéroport. Ainsi, avec des mesures d’immunisation spatiale, les chercheurs ont estimé une réduction de 50% du risque d’avoir un cas secondaire de grippe H1N1 suite à un premier cas importé dans l’aéroport. Cette réduction est de 40 % pour le Covid-19. Si le modèle n’a été testé qu’avec la grippe H1N1 ou le Covid-19, il pourrait néanmoins être utilisé dans le futur pour étudier tout nouvel agent pathogène non encore caractérisé. Enfin, cette méthode est largement et immédiatement généralisable à d’autres modes de transport tels que les trains, les métros, les gares routières ou d’autres lieux bondés où les distances interpersonnelles ne sont pas possibles, tels que les centres commerciaux ou les centres de congrès.
Source : Une modélisation pour limiter la transmission des maladies infectieuses dans les aéroports et les gares, Inserm, 20 mars 2023 . Modèle mathématique développé par des équipes de l’Inserm et de Sorbonne Université à Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique avec l’Institut espagnol CSIC-IFISC.