Aéro-News (Airbus) – Airbus va présenter avant fin juillet un plan d’adaptation qui devrait donner lieu à des réductions d’effectifs. L’enjeu est de maintenir assez d’emplois en vue du rebond, annoncé entre 2023 et 2025.
Les quelque 140 000 salariés du groupe sont dans l’expectative. Quelles seront les conséquences sociales du plan d’adaptation que prépare Airbus et qui doit être annoncé avant la fin juillet ? Un calendrier annoncé par Guillaume Faury, le président exécutif du groupe, dans un courrier adressé mercredi 17 juin à l’ensemble des équipes et que L’Usine Nouvelle s’est procuré.
Une question chargée d’inquiétudes alors que le patron du groupe évoque la nécessité « d’une réduction significative du format de notre entreprise » et à des « décisions amères« . La direction du groupe pourrait décider de présenter ce plan mardi 30 juin, à l’occasion de l’organisation du comité européen du groupe, qui regroupe les instances syndicales. Reste que le nombre de pays et de sites en jeu pourrait nécessiter plus de temps dans sa mise au point.
Comme tout le reste de la filière aéronautique, Airbus fait face à l’effondrement de la demande d’avions, dommage collatéral de la pandémie. Tout comme son rival américain Boeing, l’avionneur européen s’est adapté et a réduit ses cadences de production de 40% à partir du mois d’avril. Mais depuis, les scénarios de reprise se sont affinés et tous concordent : le retour à la normale n’est pas attendu avant 2023 voire 2025, comme le mentionne d’ailleurs Guillaume Faury dans son courrier. « Mais une reprise plus faible que prévue du trafic aérien pourrait nous obliger à la réduire encore davantage, atteignant alors des niveaux dangereusement bas« , s’inquiète le dirigeant. D’où la nécessité de passer à la vitesse supérieure.
L’ampleur de l’impact social encore inconnue
« La crise du secteur de l’aviation sera longue et d’une ampleur telle qu’elle nécessite que nous prenions des mesures plus importantes chez Airbus, explique le patron du groupe. Nous avons, je le rappelle, perdu plus d’un tiers de notre activité d’aviation commerciale, et nos coûts continuent de dépasser largement nos revenus. Ce n’est pas tenable. Notre plan de charge est également devenu structurellement très inférieur à nos effectifs. Dit simplement: nous avons encore des mesures à prendre pour retrouver notre équilibre industriel et financier.«
Nul doute que le plan passera par des suppressions de postes, malgré les mesures de chômage partiel qui pourraient être prolongées. Les syndicats eux-mêmes ne savent pas encore quelle sera l’ampleur de l’impact social, mais tous ont en tête que Boeing compte réduire ses effectifs de 10%. « La CFE-CGC demande à ce que les aides prévues par le gouvernement en faveur du plan de soutien et en particulier pour la sauvegarde de l’emploi, entrent pleinement en jeu, confie Françoise Vallin, coordinatrice CFE-CGC. Elles doivent freiner toute précipitation à vouloir supprimer des postes comme ce qui s’est passé dans l’automobile dès l’annonce du plan faite. De même ces aides devront limiter les impacts sociaux des plans« .
Des plans qui devraient se multiplier dans toute la filière
Airbus peut-il éviter les licenciements secs ? Outre les départs volontaires et en préretraite, l’un des leviers que pourrait actionner l’avionneur serait le gel des embauches. Chaque année, Airbus recrute entre 5 000 et 6 000 personnes. Cela sera-t-il suffisant ? « Tout l’enjeu pour Airbus, comme pour Boeing, va être de se redimensionner pour suivre la baisse de charges dans les trois à cinq ans à venir sans sacrifier leurs capacités à rebondir, pour eux et leurs chaînes d’approvisionnement, souligne Rémy Bonnery, expert aéronautique au sein du cabinet Archery Strategy Consulting. Les avionneurs vont devoir s’assurer que les compétences critiques de leurs fournisseurs seront toujours là au moment du rebond« .
Un enjeu que Guillaume Faury explicite lui-même, conscient du danger qu’il y aurait à trop tailler dans les effectifs. « Nous devons trouver un juste équilibre entre, d’une part, la réduction des coûts pour assurer l’adaptation d’Airbus et rétablir rapidement notre compétitivité et notre capacité à réussir et, d’autre part, la sauvegarde des emplois, le soutien indispensable à nos fournisseurs, et la limitation de l’impact de cette crise sur les communautés qui dépendent de nous« , détaille le dirigeant. Au-delà du plan d’Airbus, c’est l’ensemble des salariés des quelque 1 300 entreprises du secteur qui attendent avec inquiétude la multiplication des plans sociaux qui pourraient éclore dans les prochains mois.