Partir en vacances en avion, c’est « trop tôt », selon Erika Vlieghe. Dans une interview accordée au Knack, la virologue à la tête du groupe d’experts en charge du déconfinement a déconseillé ce moyen de transport, où la distanciation sociale ne peut être respectée. Cette situation, on peut la retrouver pourtant dans les transports en commun aux heures de pointe. Mais pour la scientifique, « un vol de plusieurs heures » et « un trajet en métro de quinze minutes » ne sont pas comparables.
Pour appâter les touristes, les compagnies aériennes, durement éprouvées par la crise, ont pourtant sorti des arguments rassurants. À l’intérieur des cabines, l’air est renouvelé intégralement toutes les trois minutes grâce à un flux vertical et à un système de filtration aussi performant que celui d’un bloc opératoire. Ce qui limite considérablement le risque de transmission du virus. L’Association internationale du transport aérien a également publié une vidéo rassemblant toutes les mesures mises en place pour la sécurité des passagers.
On s’envoie en l’air ou pas?
Finalement, on ne sait plus quoi en penser: est-ce risqué ou non de prendre l’avion? Le problème, pour Erika Vlieghe, ce n’est pas « seulement le vol lui-même », mais « l’enregistrement, la porte d’embarquement, le contrôle des bagages, les boutiques de l’aéroport. Cela génère beaucoup de contacts supplémentaires. » Là-dessus, Yves Coppieters est d’accord: « Ce n’est pas l’avion en tant que tel qui constitue le moment dangereux. Comme dit Erika Vlieghe, c’est avant et après. » Mais contrairement à la présidente du GEES, l’épidémiologiste estime que le voyage en avion « en tant que tel » n’est pas à risque « s’il ne dure pas plus que quelques heures ». Il déconseille ainsi les vols longs-courriers, plus problématiques, « parce que les passagers bougent et enlèvent leurs masques ». Grâce à la filtration de l’air hyperperformante et au port du masque obligatoire pendant toute la durée du vol, « c’est moins risqué qu’un métro, c’est sûr », affirme le professeur de santé publique de l’ULB, contredisant la virologue. Un avis partagé par Marius Gilbert et Marc Van Ranst, même si ce dernier conseillait encore la semaine dernière de s’en tenir aux voyages essentiels, pour voir la famille par exemple.
Vacances, j’oublie tout, excepté les gestes barrières
Serait-ce alors « trop tôt », comme le disait Erika Vlieghe? Pour Yves Coppieters, le débat n’a pas lieu d’être. « À partir du moment où on rouvre les frontières, il faut laisser les gens voyager avec les moyens de transport qu’ils souhaitent. » Il en va désormais du choix de chaque individu. L’expert conseille toutefois de rester prudent, surtout dans les aéroports. « Si on respecte le port du masque, la distanciation sociale et l’hygiène des mains, je ne vois pas vraiment où est le problème. »