Thierry Baril, directeur général des ressources humaines d’Airbus, annonce qu’environ 1 500 recrutements sont prévus en France en 2018, dont 800 à Toulouse.
Élu meilleur DRH en 2013 au sein d’un groupe qui compte 133 000 salariés dans le monde, Thierry Baril revient également pour Actu Toulouse sur l’ajustement des cadences rendu public en mars dernier.
Airbus, l’entreprise préférée des Français
Actu Toulouse : Airbus vient de nouveau d’être distinguée comme l’entreprise préférée des Français, selon une étude de Randstad. Comment l’expliquez-vous ?
: « Nous sommes très heureux et très fiers. Les reconnaissances se succèdent et confirment une tendance qui n’est pas nouvelle. L’étude réalisée par Randstad indique que les Français qui connaissent Airbus l’associent volontiers comme étant à la pointe de l’innovation. Or c’est justement l’ADN d’Airbus ! Nous sommes reconnus car nous investissons dans l’avenir. La reconnaissance est méritée car nous mettons beaucoup d’efforts dans cette direction. Le deuxième critère retenu par Airbus est l’environnement de travail. Nous proposons des emplois intéressants et des salaires attractifs. Le troisième point retenu, c’est la solidité financière. Nous avons la chance d’avoir un carnet de commandes conséquent, avec une visibilité sur l’avenir assez exceptionnelle. Notre production est assurée pour les dix prochaines années ».
Le 7 mars dernier, Airbus a confirmé l’ajustement des cadences de production et le lancement d’un « processus social, centré sur les redéploiements ». Ces mesures affecteront « au maximum 3 700 postes » sur les sites situés dans les pays fondateurs. Selon les syndicats, la France serait le pays le moins impacté avec 470 postes, dont 250 à Toulouse. Pouvez-vous confirmer ce chiffre ?
Thierry Baril : « Nous n’avons pas donné de chiffre par pays, ni par site. Nous le laissons à la discussion avec nos partenaires sociaux. Airbus a l’habitude de ce type d’adaptation. Il y a une croissance importante sur les activités mono-couloir (familles A320) et sur le programme A350. Mais en même temps, il y a une nécessité de s’adapter à la demande sur le marché de l’A400M et de l’A380. Ces réajustements concernent 3 700 postes. Il ne s’agit pas de suppressions de postes. Aucun plan social n’est d’ailleurs envisagé. Le sujet s’est emballé en France, à notre surprise. L’hexagone est pourtant le moins impacté par ces réajustements ».
Quels sont les conséquences du redéploiement à Toulouse ? S’agit-il principalement d’un transfert de salariés de l’A380 vers l’A350 ?
Thierry Baril : « Les redéploiements se font de manière naturelle. Il n’y a aucun problème en France. La demande sur les autres programmes est suffisamment importante pour compenser les baisses de cadence sur l’A380 et l’A400M. Ce sont des compétences que l’on transfère sur les autres programmes. Ceci est vrai pour Toulouse comme pour Saint-Nazaire et Nantes. Nous l’avions d’ailleurs déjà anticipé. En 2017, la mobilité concernait déjà 12% de l’effectif, soit quelque 15 600 salariés. Ce n’est pas quelque chose que l’on découvre du jour au lendemain.
500 postes dans le numérique
Lors de la présentation des résultats en février, Airbus avait pourtant annoncé un prévisionnel de 4 000 recrutements en 2018. N’est-ce pas paradoxal ?
Thierry Baril : « Non, pas du tout. Notre taux de turn over est très faible en France – de l’ordre de 2% – mais nous avons des départs naturels, notamment à la retraite. Airbus recherche aussi de nouvelles compétences. Par conséquent, malgré une situation de redéploiement, Airbus poursuit ses recrutements en 2018. Nous prévoyons le même volume que l’an dernier, à savoir 4 000 recrutements. Dont certaines créations de postes. En Europe, il y aura près de 2 400 recrutementspour la division Defense and Space et quelque 1 600 recrutements pour la branche aviation commerciale. 80 % des emplois seront des postes de niveau ingénieur et cadre. Sur les 4 000 recrutements prévus, 500 postes concernent des emplois dans le secteur du numérique. »
Avez-vous des chiffres précis sur Toulouse ?
Thierry Baril : « Il y aura environ 1 500 recrutements en France, dont 50 à 60 % à Toulouse. Nous avons une activité spatiale très dynamique. Les recrutements se feront à égalité entre l’activité aviation commerciale et la division Defense and Space. Les profils recherchés sont très pointus : cybersécurité, ingénieur réseaux et informatique systèmes, ingénieur logiciel, expert en analyse de data… »
« Nous sommes à la recherche de nouvelles compétences »
Quels conseils donneriez-vous aux Toulousains qui souhaitent candidater ?
Thierry Baril : « La voie la plus simple est de candidater directement sur notre site. Spontanément, Airbus n’est pas associé aux nouvelles technologies comme celles du numérique. Ce n’est pas notre métier à la base. Nous fabriquons des avions, des satellites, des systèmes de défense… Nous ne sommes pas une entreprise de logiciels mais malgré tout nous embarquons des logiciels. Nous ne sommes pas une entreprise informatique mais nos avions enregistrent énormément de données. Le numérique intervient de plus en plus dans nos produits, dans nos procédés et dans nos processus. Il est évident que les profils qui ont aujourd’hui ces compétences et qui ont envie de rejoindre l’aéronautique sont plus que les bienvenus. Il ne faut surtout pas hésiter, il y a un vrai besoin. Nous sommes à la recherche de nouvelles compétences. »
Concernant la production, des recrutements sont-ils envisagés ?
Thierry Baril : « Il y aura bien sûr des recrutements. Grâce à l’apprentissage, nous avons d’ailleurs la chance de former beaucoup de jeunes dans nos métiers aux postes de compagnons et de techniciens. Cela se fait notamment au sein du Lycée Airbus où l’on recrute quasiment tous les jeunes qui sortent diplômés. »
Des recrutements sont-ils également prévus dans les fonctions supports (ressources humaines, service juridique…) ?
Thierry Baril : « Ce ne sont pas dans les fonctions supports que nous aurons les plus gros besoins en terme de recrutement. Je rappelle qu’un plan de restructuration, lié à la fusion entre Airbus Group et Airbus, est en cours. L’objectif est de bénéficier d’un certain nombre de synergies. En revanche, nous recherchons des profils particuliers avec des compétences très pointues. »
La place des femme chez Airbus
Peut-on se faire recruter chez Airbus sans être parfaitement bilingue en anglais ?
Thierry Baril : « Pour les ingénieurs et les cadres, la réponse est définitivement négative. Nous attendons un bon niveau d’anglais. Les écoles d’ingénieurs ont d’ailleurs réagi en intégrant de plus en plus la langue anglaise dans l’enseignement. Pour les compagnons, nous sommes un peu moins sélectifs. Malgré tout, l’utilisation de l’anglais se généralise au sein du groupe, y compris sur les chaînes d’assemblage. »
Quelle est la part des femmes au sein du groupe ?
Thierry Baril : « Nous suivons l’évolution de très près ! Actuellement, la part des femmes représente 17,5 % des effectifs. Cela évolue tout doucement mais cela évolue. Concernant la promotion de femmes dans des postes de cadre supérieur, nous sommes passés de 16%, en 2016, à 23%, en 2017. Ce qui prouve la capacité du groupe à promouvoir des femmes sur des postes importants. Concernant la partie production, c’est plus compliqué. Pourtant, l’entreprise peut accueillir des femmes sur la plupart des postes. La notion de pénibilité dans l’aéronautique est à relativiser. Nous ne sommes plus au temps de Zola ! Airbus est une entreprise à la pointe de la technologie, y compris dans ses processus de production. »
26 000 salariés à Toulouse
Airbus emploie 133 000 salariés, dont 26 000 à Toulouse. Cela représente environ 20 % des salariés. La part des salariés toulousains est-elle amenée à diminuer ou à augmenter ?
Thierry Baril : « L’évolution des effectifs à Toulouse sera peut-être un peu moins spectaculaire que lors des dernières années. Mais ils seront toujours en croissance car notre business model est très européen. Les lignes d’assemblage en Chine et aux Etats-Unis n’ont pas les mêmes volumes de production que nos usines européennes en France ou en Allemagne mais sont essentielles dans nos processus de production et pour développer nos marchés. Nos racines sont en Europe mais nos ambitions internationales. C’est ici que nous avons d’importantes installations. Toulouse demeure bien entendu le centre de gravité de l’entreprise. »
Quel est le salaire quand on débute chez Airbus à Toulouse ?
Thierry Baril : « Une chose est certaine : nous sommes l’entreprise dans la filière aéronautique qui augmente chaque année le plus ses salaires. Airbus est capable d’accueillir des profils très talentueux parce que nous les traitons bien. »